Alors que Séville a accueilli récemment une conférence sur le financement du développement, c’est désormais Madrid qui devient le théâtre du dialogue Afrique-Espagne. Depuis le dimanche 6 juillet, la capitale espagnole accueille le troisième sommet Afrique-Espagne, avec pour ambition d’amplifier les échanges commerciaux et les coopérations stratégiques entre les deux rives de la Méditerranée.
La rencontre, qui s’étend jusqu’au mardi 8 juillet, rassemble de nombreuses délégations africaines, dont celles de Côte d’Ivoire, du Togo, de Somalie, ainsi que le secrétaire général de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Pas moins de 70 conférenciers africains et espagnols participent aux cinq tables rondes de la première journée, centrées sur les secteurs d’excellence ibériques comme la construction, l’énergie verte, le dessalement de l’eau ou encore la pharmacie.
Actuellement, l’Afrique ne représente que 6 % des exportations espagnoles et 7 % de ses importations. Pourtant, les échanges commerciaux entre les deux régions s’intensifient. Avec près de 30 milliards d’euros échangés au premier semestre 2024, le commerce Afrique-Espagne a désormais dépassé celui entre l’Espagne et l’Amérique latine.
Le Maroc reste le premier partenaire économique africain de l’Espagne, suivi par l’Algérie, le Nigeria, la Libye et l’Afrique du Sud. Le secteur énergétique joue un rôle clé : le Nigeria est devenu le premier fournisseur de pétrole de l’Espagne, tandis que l’Algérie lui fournit une grande partie de son gaz. Ces évolutions s’inscrivent dans un contexte de réorientation énergétique européenne, à la suite des sanctions imposées à la Russie.
Si les deux tiers des échanges se concentrent sur l’Afrique du Nord, l’Espagne s’impose aussi en Afrique de l’Ouest, où elle est aujourd’hui le cinquième client de la région, devant même la France. Les investissements espagnols en Afrique s’élèvent à environ 6 milliards de dollars, reflétant une volonté d’ancrage durable.
Au-delà du commerce, ce sommet est aussi l’occasion pour Madrid de poser les bases d’une coopération renforcée dans la lutte contre l’immigration irrégulière. L’Espagne, qui a récemment déployé un réseau de chambres de commerce à travers le continent africain, souhaite accompagner des projets de formation professionnelle pour les jeunes afin de proposer des alternatives concrètes à l’exil.
Ce troisième sommet marque donc une étape importante dans l’approfondissement des relations ibéro-africaines. Si la présence économique espagnole reste encore modeste, elle pourrait rapidement gagner en envergure, portée par une volonté politique assumée de devenir un acteur clé du développement en Afrique.