Depuis le lundi 28 juillet, la capitale angolaise est secouée par une vague de violences inédites déclenchée par une grève des chauffeurs de taxis en réaction à l’augmentation du prix du carburant. Ce mouvement, initialement pacifique, s’est transformé en véritable soulèvement urbain, avec des pillages, des heurts violents avec les forces de l’ordre et un lourd bilan humain et matériel.
En deux jours, au moins cinq personnes ont perdu la vie à Luanda, selon les autorités. Plus d’un millier de personnes ont été arrêtées et de nombreux commerces petits ou grands ont été vandalisés. Des véhicules calcinés, des vitrines brisées et une peur palpable dominent désormais l’atmosphère de la ville.
À l’origine de la colère : la décision gouvernementale d’augmenter le prix du litre d’essence subventionnée de 300 à 400 kwanzas (de 0,33 à 0,43 dollar), entrée en vigueur le 1er juillet. Une mesure que le gouvernement justifie par le besoin d’assainir les finances publiques, mais que la population, déjà fragilisée par une inflation persistante et une précarité grandissante, rejette massivement.
Les syndicats de chauffeurs, bien que promoteurs de la grève, prennent leurs distances avec les violences. « Nos revendications sont légitimes, mais nous ne cautionnons pas les destructions. Certains de nos membres ont été arrêtés injustement », a dénoncé leur porte-parole, Geraldo Wanga.
La tension ne faiblit pas. Mardi 29 juillet, malgré les fermetures massives de commerces, les pillages ont continué. « Personne ne contrôle plus rien. Les jeunes profitent du chaos pour tout saccager, peu importe la nationalité ou l’origine du commerçant », confie Saliou Diallo, un épicier guinéen établi à Luanda depuis une décennie.
Le mouvement commence désormais à gagner d’autres villes du pays, faisant craindre une propagation nationale de la contestation. Face à cette crise, les autorités restent pour l’instant fermes. Mais à Luanda, la rue semble déterminée à faire entendre sa voix.