Bamako, le climat politique malien s’enflamme après une sortie musclée de l’ancien Premier ministre Choguel Kokalla Maïga. Dans une publication virulente sur les réseaux sociaux ce jeudi, l’ex-chef du gouvernement, limogé en novembre 2024, a vivement critiqué la décision des militaires de prolonger la transition sans élection pour cinq années supplémentaires.
« Le peuple n’est pas d’accord qu’un groupe de personnes usurpent son autorité et l’exerce contre lui », a-t-il dénoncé, dans un message qui fait grand bruit dans la capitale.
Depuis son éviction, Choguel Maïga n’avait jamais attaqué de manière aussi directe le régime du colonel Assimi Goïta. Cette fois, ses mots sonnent comme une rupture définitive avec la junte qu’il a pourtant servie. Une attitude qui divise.
Une autorité proche du pouvoir a réagi en privé, minimisant la portée de ses propos : « Depuis sa destitution, il est rempli d’amertume. » Même son de cloche chez une représentante d’une association de femmes de militaires : « Il veut semer la zizanie entre les soldats. Mais les forces armées resteront soudées. »
Du côté de la classe politique dissoute par le régime, les réactions sont plus nuancées. « Choguel a participé à légitimer le pouvoir militaire, il doit maintenant assumer ses contradictions », déclare le responsable d’un parti dissous.
À l’opposé, les voix critiques du régime saluent enfin un retournement de position. « Nous avons toujours dit que cette transition n’a ni cap ni horizon. Que Choguel le reconnaisse aujourd’hui est une bonne chose », affirme une figure de l’opposition malienne.
Alors que la junte tente d’imposer un nouveau calendrier transitoire sans consensus populaire ni politique, la sortie de Choguel Maïga pourrait bien réveiller les tensions, raviver les divisions et relancer le débat sur l’avenir démocratique du Mali.