Le président Donald Trump se retrouve au cœur d’une tempête inattendue, attisée cette fois non par ses opposants traditionnels, mais par sa propre base électorale. En cause : l’affaire Epstein et une promesse non tenue de publier une liste supposée de clients du milliardaire déchu, condamné pour proxénétisme de mineurs et retrouvé mort en prison en 2019.
Lors de ses meetings de campagne, Donald Trump avait promis de faire toute la lumière sur cette affaire, en particulier en rendant publique l’identité de ceux qui auraient eu recours aux « services » d’Epstein. Une annonce choc, qui avait suscité de l’enthousiasme dans les milieux pro-Trump les plus fervents, souvent enclins à dénoncer les élites et les « réseaux pédocriminels » prétendument protégés par l’État profond.
Mais samedi 12 juillet, changement de ton : dans un message publié sur sa plateforme Truth Social, le président a minimisé l’importance de cette liste, allant jusqu’à remettre en cause son existence. Une sortie qui a fait l’effet d’une bombe au sein de la mouvance MAGA (Make America Great Again), où les accusations de trahison se multiplient.
L’arroseur arrosé
Pour une partie de sa base, le président Trump devient celui qui cache la vérité. L’influent complotiste Alex Jones n’a pas mâché ses mots, dénonçant une « attitude écœurante ». Tucker Carlson, ex-star de Fox News, y voit une tentative d’étouffement de l’affaire par le ministère de la Justice, aujourd’hui dirigé par Pam Bondi, ancienne alliée de Trump désormais dans la ligne de mire.
L’influenceur Mike Cernovich, figure centrale de la droite radicale américaine, a interpellé directement le président : « Ce silence sur Epstein entachera votre héritage. Il est encore temps d’agir. »
Pam Bondi, elle, concentre les critiques. Accusée d’être un « boulet » pour Trump, certains réclament sa démission. Le flou volontairement entretenu par le FBI et le ministère de la Justice, qui ont récemment déclaré qu’il « n’existait pas de liste exploitable », n’a fait qu’attiser les soupçons.
Une affaire à tiroirs, toujours explosive
L’affaire Epstein, pourtant reléguée au second plan ces dernières années, revient ainsi hanter la vie politique américaine, en particulier dans le camp républicain. La promesse non tenue du président sur un sujet aussi sensible qu’explosif pourrait se transformer en véritable boomerang, à quelques mois d’échéances électorales décisives.
Si Donald Trump semble pour l’instant limiter les dégâts directs, le feu couve. Et dans un climat de défiance généralisée, ce qui devait être une arme politique contre « l’élite corrompue » pourrait devenir un boulet dans la course à sa réélection.