Après cinq jours de garde à vue, le chroniqueur télé sénégalais Badara Gadiaga a été placé sous mandat de dépôt ce lundi 14 juillet. Il est poursuivi pour des propos jugés contraires aux bonnes mœurs, tenus dans le cadre de ses interventions médiatiques. Une affaire qui suscite déjà de nombreuses réactions, notamment en raison des conditions de sa détention et du traitement réservé à sa défense.
Interpellé mercredi dernier, Badara Gadiaga a été présenté au parquet le vendredi 12 juillet. L’instruction de son dossier a été confiée au doyen des juges. Faute d’inculpation immédiate, le chroniqueur a été renvoyé au parquet. Mais ses avocats dénoncent une entrave grave à leurs droits.
« Nous avons été informés de la situation et nous nous sommes rendus au commissariat central, mais on n’a pas pu voir notre client. Le commissaire nous a indiqué qu’il avait reçu des instructions pour refuser toute visite », déplore un des avocats de la défense, qui a annoncé avoir saisi les autorités compétentes pour dénoncer cette « violation manifeste des droits de la défense ».
L’affaire soulève des inquiétudes sur la liberté d’expression au Sénégal, dans un contexte où plusieurs arrestations pour des délits d’opinion sont dénoncées par des acteurs politiques et de la société civile.
Pour l’opposant Thierno Bocoum, ce type de procédure judiciaire va à l’encontre de l’esprit de rupture promis par les nouvelles autorités issues du parti Pastef :
« Les délits d’opinion existaient sous Macky Sall ou Abdoulaye Wade. Ce que les Sénégalais attendent aujourd’hui, c’est une gouvernance tournée vers les priorités réelles du pays. On ne peut pas continuer à reproduire les pratiques du passé. »
Le cas de Badara Gadiaga relance le débat sur les limites de la liberté d’expression et sur la gestion des voix critiques dans l’espace public sénégalais. Ses avocats attendent désormais une audience rapide et un accès effectif à leur client pour assurer sa défense.