La détention préventive de Succès Masra, ex-Premier ministre tchadien et président du parti Les Transformateurs, continue de susciter de vives réactions au-delà des frontières du Tchad. Alors que le leader politique est incarcéré depuis le 16 mai pour son implication présumée dans le massacre de 42 éleveurs à Mandakao des faits qu’il nie en bloc des voix s’élèvent en France et aux États-Unis pour réclamer transparence et respect des droits humains.

Bruno Fuchs plaide une démarche humanitaire

Bruno Fuchs, président de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale française, a demandé l’autorisation de se rendre au Tchad pour rencontrer Succès Masra. Une initiative qu’il qualifie de « personnelle et non militante », motivée par des « raisons humanitaires ».

« Je souhaite m’informer, discuter, sans porter de jugements qui viendraient perturber le processus judiciaire en cours », a déclaré le député français, qui se dit préoccupé par le sort d’un « ami personnel ». Il précise vouloir également échanger avec les autorités tchadiennes dans un esprit d’apaisement.

Réaction ferme des autorités tchadiennes

Côté tchadien, la réaction ne s’est pas fait attendre. Haoua Outman, présidente de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, a dénoncé une tentative d’ingérence. « Nous rejetons toute pression extérieure susceptible de discréditer le fonctionnement de nos institutions. La justice tchadienne est seule compétente dans cette affaire », a-t-elle martelé.

L’opposition tchadienne prend position

Du côté du parti Les Transformateurs, le ton est différent. Son vice-président, Sitack Yombatina Béni, estime que « le mot ingérence est galvaudé » et souligne que le député français agit « dans un cadre légal et républicain », en empruntant les canaux diplomatiques classiques.

Une critique américaine qui agite davantage la scène

Le débat s’est également invité à Washington. Jeanne Shaheen, présidente de la Commission des affaires étrangères du Sénat américain, a vivement condamné la détention de Succès Masra, qualifiée d’« effroyable ». Elle appelle à sa libération immédiate, affirmant que « l’emprisonnement de figures de l’opposition compromet les perspectives de démocratie ».

Une déclaration qui a fait bondir Mariam Ahmat Djemil, présidente de la Commission des affaires étrangères du Sénat tchadien. Elle y voit une « attitude peu courtoise » et un « manque de respect pour le principe fondamental de non-ingérence ».

Un dossier à forte portée diplomatique

À mesure que l’affaire Masra prend une dimension internationale, les équilibres diplomatiques se tendent. Entre appels à la transparence judiciaire et rappels au respect de la souveraineté nationale, le Tchad se retrouve au cœur d’une controverse qui dépasse le cadre national. Reste à savoir si ces interventions étrangères contribueront à une désescalade ou accentueront la crispation.

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