Une semaine après les violentes manifestations contre le président Faure Gnassingbé, le gouvernement togolais est sorti de son silence. Le mercredi 9 juillet, lors d’une conférence de presse, le ministre de l’Administration territoriale, le colonel Hodabalo Awate, a fermement condamné ces mobilisations qu’il qualifie de « pure manipulation » et de « tentative de déstabilisation de la sous-région ».
Les manifestations des 6, 26, 27 et 28 juin, impulsées notamment par des artistes et influenceurs togolais de la diaspora, ont été violemment réprimées. Bilan officiel : cinq morts. Alors que le gouvernement n’avait jusqu’ici communiqué que par des canaux indirects, le colonel Awate a adopté une ligne dure, assimilant les protestations à des actes relevant du terrorisme.
« Ce qui s’est passé n’est pas une expression démocratique, mais une opération de déstabilisation soigneusement orchestrée, dans un contexte régional déjà très fragile », a-t-il martelé, évoquant une stratégie coordonnée visant à semer le chaos dans les États côtiers.
Une opposition indignée, des familles endeuillées
Ces propos ont immédiatement suscité l’indignation au sein de la société civile et de l’opposition. Pour David Dosseh, figure du Front Citoyen Togo Debout, les déclarations gouvernementales relèvent du cynisme.
« Le pouvoir refuse d’assumer la réalité. Cinq vies ont été fauchées, et au lieu d’ouvrir une enquête sérieuse, il préfère crier au complot », a-t-il déclaré.
Selon lui, « la justice semble de plus en plus complice, refusant de poursuivre les responsables des violences d’État ».
Alors que les tensions restent vives, les acteurs de la société civile ont lancé un appel à deux nouvelles journées de mobilisation les 16 et 17 juillet. Ils annoncent également des journées de deuil national en hommage aux victimes.
Dans un climat marqué par la peur, la colère et l’amertume, le Togo entre dans une nouvelle phase de confrontation politique, où les revendications sociales se heurtent à un pouvoir inflexible, décidé à maintenir le statu quo.