La première audience du procès de l’ancien ministre congolais de la Justice, Constant Mutamba, s’est tenue ce mercredi 9 juillet à Kinshasa. Poursuivi pour détournement de fonds, l’ex-Garde des sceaux devra finalement patienter jusqu’au 23 juillet pour faire face aux accusations formelles du ministère public. Un procès aussi attendu que contesté.

Le rideau s’est à peine levé que le procès prend déjà des allures de bras de fer judiciaire. Arrivé en retard d’une heure, canne à la main, costume sombre et masque chirurgical sur le visage, Constant Mutamba s’est présenté devant la Cour de cassation, où l’attendaient ses avocats, une vingtaine au total. L’audience, entamée sans lui, avait déjà été marquée par une première tentative de report initiée par la défense, qui affirme ne pas avoir eu accès au dossier.

Au cœur de ce procès, un marché public de près de 30 millions de dollars attribué à Zion Construction pour la construction d’une prison à Kisangani. Une société que le parquet qualifie de « fictive », n’ayant selon lui « jamais bâti la moindre cabane ». La lecture de l’acte d’accusation, entamée après de longs débats de procédure, n’a pas fait vaciller l’ancien ministre, resté impassible jusqu’au moment de décliner son identité.

Pour la défense, il ne fait aucun doute que cette affaire est instrumentalisée. « Ce procès est politique, pas juridique ! », s’est indigné Me Joël Kitenge. Me Paul Okito, de son côté, a pointé un dysfonctionnement de la justice congolaise : « Nous espérons enfin avoir accès au dossier d’ici la prochaine audience. À ce moment-là, nous pourrons démontrer que les faits reprochés ne constituent pas une infraction pénale. »

Les avocats de Mutamba s’interrogent également sur le traitement différencié des protagonistes. « Pourquoi seul Constant Mutamba est-il poursuivi alors qu’une société a perçu les fonds ? Pourquoi le parquet ignore-t-il la responsabilité de Zion Construction ? », dénonce la défense.

Libéré à l’issue de l’audience, Constant Mutamba n’a fait aucune déclaration. L’ancien candidat à la présidentielle de 2023 joue gros : il encourt jusqu’à 20 ans de prison, sans possibilité d’appel.

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