Après des manifestations meurtrières ayant fait au moins 31 morts, le président kényan William Ruto hausse le ton contre ceux qu’il accuse de vouloir « semer le chaos » pour déstabiliser son régime. L’opposition dénonce une stratégie de peur et appelle à un sursaut démocratique.
Le climat politique se tend à Nairobi. Mercredi 9 juillet, au surlendemain de violentes manifestations antigouvernementales, le président William Ruto a accusé certains acteurs politiques de fomenter des troubles pour préparer une chute du pouvoir avant l’échéance électorale de 2027.
« Dans un pays démocratique, vous ne pouvez pas semer le chaos », a-t-il déclaré, menaçant d’une réponse brutale : « Quiconque met le feu aux commerces doit recevoir une balle dans la jambe. »
Des propos jugés inacceptables par plusieurs leaders de l’opposition, qui dénoncent une dérive autoritaire. Parmi eux, Rigathi Gachagua, ancien vice-président de Ruto et désormais farouche opposant, appelle au boycott des entreprises proches du gouvernement, qu’il qualifie de « régime hostile ».
Il accuse même le pouvoir d’avoir délibérément organisé des attaques contre des postes de police pour légitimer une répression féroce. « Personne ne cherche à renverser votre gouvernement, monsieur le président. Nous voulons vous battre dans les urnes. Arrêtez d’agiter le spectre du complot pour faire taire la contestation, notamment au sein de la communauté Kikuyu. »
De son côté, l’ancien Premier ministre Raila Odinga appelle à l’ouverture immédiate d’un dialogue national pour éviter une escalade incontrôlable. Il fustige « une police au comportement colonial » accusée de violences gratuites sur des manifestants souvent jeunes et non armés.
Autre voix dissonante, Cleophas Malalah, chef du parti Democracy for Citizens, parle d’un gouvernement prêt à « verser le sang des innocents sur l’autel de la stabilité nationale ».
Face à la crise, plusieurs figures de l’opposition appellent les jeunes à renoncer à la rue pour s’investir dans les urnes. Objectif : faire de la présidentielle de 2027 une riposte démocratique face à ce qu’ils considèrent comme une répression déguisée en maintien de l’ordre.