Les autorités togolaises ont annoncé l’ouverture d’une enquête judiciaire après la découverte de cinq corps sans vie dans deux plans d’eau de la capitale, Lomé. Ces macabres découvertes interviennent dans un climat tendu, marqué par des manifestations contre le pouvoir en place et la répression des voix dissidentes.
Le procureur de la République, Talaka Mawama, s’est exprimé sur la télévision nationale dimanche soir. Il a précisé que deux des victimes, de nationalité béninoise et âgées de 23 et 25 ans, ont été retrouvées fin juin dans le quatrième lac d’Akodésséwa. L’autopsie aurait conclu à une noyade datant d’environ quarante-huit heures, soit, selon le procureur, avant le début des manifestations. Les trois autres corps ont été repêchés dans un autre point d’eau de la capitale.
Jusqu’ici, aucune donnée officielle n’avait été communiquée sur le bilan humain des protestations. L’opposition et plusieurs organisations de la société civile évoquent pourtant au moins sept morts, de nombreux blessés, et dénoncent des arrestations arbitraires. Elles accusent les forces de sécurité et des miliciens proches du régime d’avoir usé de la violence pour étouffer les mobilisations.
Des ONG comme Amnesty International ont réclamé l’ouverture immédiate d’enquêtes indépendantes, pointant également du doigt des cas de traitements inhumains et dégradants infligés aux manifestants.
Les tensions se sont accrues en juin, lorsque des milliers de Togolais sont descendus dans la rue pour contester l’arrestation de figures de l’opposition, la flambée des prix, et surtout la récente réforme constitutionnelle. Celle-ci ouvre la voie à une prolongation du pouvoir du président Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005 après avoir succédé à son père.
Si le gouvernement assure que les investigations suivront leur cours « dans le respect du droit », les familles des victimes, elles, réclament transparence, justice et vérité.
