Une vingtaine d’hommes armés de bâtons et en partie cagoulés ont attaqué dimanche 6 juillet le siège de la Commission kényane des droits de l’homme à Nairobi. Cette attaque choquante survient à la veille du Saba Saba, journée emblématique de la lutte pour la démocratie au Kenya, alors qu’une conférence de presse était en cours pour dénoncer les violences policières et les atteintes croissantes aux libertés publiques.
Selon les images de vidéosurveillance rendues publiques, les assaillants ont violemment forcé l’entrée du bâtiment, enfonçant la porte verrouillée avant de menacer les participants. Parmi eux, des mères kényanes dont les enfants participent aux récentes manifestations contre la gouvernance du président William Ruto. Les assaillants auraient crié qu’il « n’y aurait pas de conférence de presse ni de manifestation lundi », avant de saccager les lieux et de voler du matériel informatique et de sonorisation.
« Ils ont pris d’assaut la porte et ont crié qu’il n’y aurait pas de conférence de presse ni de manifestation. Les mères, certaines âgées de plus de 80 ans, ont été contraintes de fuir et de se réfugier dans le bâtiment principal », a témoigné Ernest Cornel, responsable de la communication de la Commission.
La Commission kényane des droits de l’homme a dénoncé un acte d’intimidation délibéré et imputé l’opération au gouvernement, dans un contexte de répression brutale des manifestations contre la politique sociale et économique du président Ruto. L’ONG Women’s Collective, co-organisatrice de l’événement, a fustigé une attaque frontale contre la liberté d’expression et le droit de manifester pacifiquement.
La classe politique commence à réagir. David Maraga, ancien président de la Cour suprême et potentiel candidat à la présidentielle de 2027, a fermement condamné les violences. « Le président Ruto doit arrêter l’usage de milices armées contre les citoyens. Ce n’est pas seulement une violation de la Constitution, c’est un chemin vers l’instabilité et l’anarchie », a-t-il déclaré dans un communiqué.
Cette attaque intervient alors que le climat politique se tend au Kenya. Depuis plusieurs semaines, le pays est secoué par une vague de contestation sociale, notamment portée par la jeunesse et soutenue par des organisations de la société civile dénonçant corruption, inflation et dérives autoritaires.