Le président sud-africain Cyril Ramaphosa s’est envolé ce week-end pour le Brésil à bord d’un vol commercial de South African Airways. Une image inédite mais désormais familière : faute d’un avion présidentiel opérationnel, c’est dans un appareil de ligne que le chef de l’État a rallié le sommet des Brics.
Le jet présidentiel, baptisé Inkwazi « l’aigle pêcheur » en zoulou est une nouvelle fois immobilisé. L’appareil souffre de pannes chroniques et d’un entretien négligé, révélateurs d’un mal plus profond : l’effondrement progressif des capacités logistiques de l’armée sud-africaine.
Le Boeing 737-700 BBJ, fleuron de la flotte présidentielle depuis deux décennies, nécessite des réparations critiques, en particulier au niveau des moteurs, jugés défectueux par le constructeur depuis 2022. Un audit interne, révélé par le City Press, souligne que ces éléments n’ont toujours pas été remplacés. Résultat : l’appareil est considéré comme inapte au vol.
L’armée sud-africaine, dont dépend la gestion de l’avion, fait face à une crise budgétaire majeure. Les réductions successives des crédits de défense ont fragilisé l’ensemble des équipements, et les forces armées peinent aujourd’hui à assurer des opérations de base.
Au-delà de l’image insolite d’un président voyageant en classe affaires sur une ligne commerciale, cette situation révèle l’ampleur des faiblesses de l’État sud-africain. Les conséquences se font déjà sentir sur le terrain : en République démocratique du Congo, les troupes sud-africaines déployées dans le cadre de la mission de la SADC manquent cruellement de soutien aérien, une lacune vivement critiquée par les partenaires régionaux.
Face à cette réalité, la présidence tente de donner le change. Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, un Cyril Ramaphosa souriant apparaît détendu, saluant le personnel de bord et les passagers. Mais derrière la mise en scène, les défis logistiques, diplomatiques et militaires s’accumulent pour Pretoria.
Ce n’est pas la première fois que le président doit renoncer à son avion officiel. En 2023 déjà, pour le sommet du G7 au Canada, il avait été contraint de voyager en vol commercial. Chaque déplacement devient une épreuve logistique, soumise à la disponibilité d’appareils tiers ou à la capacité d’affrètement de dernière minute.