La Russie a franchi un cap diplomatique majeur en devenant le premier pays au monde à reconnaître officiellement le gouvernement taliban en Afghanistan. L’annonce a été confirmée ce jeudi par les agences de presse russes, marquant un tournant dans les relations entre Moscou et Kaboul.
« Reconnu », a déclaré laconiquement Zamir Kaboulov, représentant spécial du président Vladimir Poutine pour l’Afghanistan, à l’agence RIA Novosti. Le ministère russe des Affaires étrangères a immédiatement confirmé cette décision à l’agence TASS.
Du côté afghan, la reconnaissance est saluée avec enthousiasme. Le ministre des Affaires étrangères, Amir Khan Muttaqi, a qualifié cette initiative de « décision courageuse » lors d’une rencontre filmée avec l’ambassadeur russe à Kaboul, Dmitri Jirnov. « Elle servira d’exemple pour les autres nations », a-t-il affirmé dans une vidéo diffusée sur le réseau X.
Symbole fort de cette reconnaissance : le drapeau blanc et noir des talibans a été hissé pour la première fois sur le bâtiment de l’ambassade afghane à Moscou. Un geste hautement symbolique, survenu le même jour où le ministère russe annonçait avoir reçu les lettres de créance du nouvel ambassadeur afghan en Russie, Gul Hassan Hassan.
Dans un communiqué publié sur Telegram, la diplomatie russe s’est félicitée de ce rapprochement : « Cette reconnaissance ouvre la voie à une coopération bilatérale productive dans divers secteurs stratégiques : énergie, transports, agriculture et infrastructures ».
Au-delà des enjeux économiques, Moscou affirme vouloir jouer un rôle clé dans la stabilisation régionale, en soutenant Kaboul dans la lutte contre le terrorisme et le trafic de drogue. D’autres domaines de coopération sont également évoqués, notamment l’éducation, la culture, le sport et l’aide humanitaire.
Cette reconnaissance s’inscrit dans un contexte plus large : en avril dernier, la Cour suprême russe avait retiré le mouvement taliban de sa liste officielle des organisations terroristes, préparant ainsi le terrain à cette normalisation diplomatique.