Une reconnaissance rare de pratiques systématiquement niées par Pékin jusqu’ici
Dans une annonce inédite, le Parquet populaire suprême chinois a reconnu l’existence de cas de torture et de détention illégale dans le système judiciaire du pays. Une déclaration qui survient dans un contexte de pression internationale croissante sur les droits humains en Chine, et qui jette une lumière crue sur les méthodes répressives encore largement pratiquées dans les commissariats, les prisons et les centres de détention.
Selon le communiqué officiel, un département spécial vient d’être mis en place pour enquêter sur les abus commis par les membres du système judiciaire. Sont visés les agents coupables de détentions arbitraires, de fouilles illégales ou encore d’extorsion d’aveux sous la contrainte. Objectif affiché : « renforcer l’État de droit » et « protéger les droits des citoyens ». Une promesse qui suscite scepticisme, tant les précédents engagements du président Xi Jinping en matière de transparence judiciaire sont restés lettre morte
Ces derniers mois, plusieurs affaires ont mis en lumière les brutalités policières en Chine. Des agents accusés d’avoir torturé à mort un suspect ont été récemment poursuivis, et en 2019, des policiers ont été condamnés pour avoir affamé un détenu et l’avoir privé de sommeil. Mais pour les ONG, ces cas sont loin de refléter l’ampleur du phénomène.
« Ce sont des cas publics, médiatisés. La réalité est bien plus massive et systémique », déclare un analyste des droits humains sous anonymat. De nombreux rapports font état de pratiques de torture courantes : usage de matraques électriques, privation de sommeil, ou encore la tristement célèbre chaise du tigre, qui maintient les détenus dans des positions extrêmement douloureuses.
Les critiques récurrentes des Nations unies et des ONG visent particulièrement le traitement réservé aux dissidents politiques, aux défenseurs des droits humains, et aux minorités ethniques comme les Tibétains et les Ouïghours. Si la Chine a toujours nié ces accusations, la reconnaissance partielle du Parquet suprême sonne comme un aveu implicite.
Paradoxalement, les avocats qui osent dénoncer ces exactions se retrouvent eux-mêmes pris dans l’engrenage : harcèlement, radiations, détentions arbitraires, voire torture.
Plus inquiétant encore, selon plusieurs ONG, la Chine figure parmi les principaux fournisseurs mondiaux d’équipements de torture. Matraques électriques, chaînes, camisoles et dispositifs d’immobilisation sont exportés vers des pays accusés de violations graves des droits humains, prolongeant ainsi l’impact répressif au-delà des frontières nationales.