Un virage migratoire assumé par le nouveau gouvernement allemand
Le gouvernement allemand a décidé de tourner la page du soutien financier accordé aux ONG engagées dans les opérations de sauvetage de migrants en Méditerranée et ailleurs. Une mesure qui symbolise le durcissement progressif de la politique migratoire en Allemagne.
Selon des sources proches du ministère des Affaires étrangères citées par l’AFP, « le gouvernement fédéral ne prévoit plus de subventions aux ONG engagées dans le sauvetage civil ». La décision, discrètement actée depuis la prise de fonctions de la nouvelle coalition au pouvoir début mai, rompt avec l’approche plus humanitaire de l’équipe précédente.
Jusqu’à présent, plusieurs associations, dont Sea-Watch et SOS Humanity, bénéficiaient de financements publics allemands pour mener leurs missions de secours en mer, principalement au large des côtes libyennes et italiennes. Ce soutien avait été salué par les organisations internationales et les défenseurs des droits humains comme un signal fort d’engagement humanitaire européen.
Mais pour la nouvelle majorité au pouvoir à Berlin, il s’agit désormais de mettre l’accent sur une politique de « contrôle et de responsabilité » en matière migratoire, plutôt que de faciliter indirectement les arrivées sur le continent européen.
La décision suscite de vives réactions. Les ONG dénoncent un « renoncement moral » de la part de l’Allemagne. « Chaque vie humaine secourue en mer est une victoire contre l’indifférence. Couper les financements, c’est fermer les yeux sur les drames quotidiens en Méditerranée », a réagi un porte-parole de SOS Humanity.
À l’inverse, plusieurs responsables politiques conservateurs et d’extrême droite saluent un geste « cohérent et responsable » dans un contexte où la pression migratoire continue d’alimenter les tensions dans de nombreuses villes d’Allemagne.
Cette décision allemande intervient dans un climat européen tendu sur les questions migratoires, alors que de nombreux pays membres plaident pour un renforcement du contrôle aux frontières extérieures de l’UE. Elle pourrait renforcer les positions de ceux qui, à Bruxelles, appellent à un recentrage des fonds européens sur la prévention des départs et la coopération avec les pays d’origine.