Coup de tonnerre sur la scène politique camerounaise. Issa Tchiroma Bakary, ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, a officiellement remis sa démission ce mardi matin. Ancien ministre de la Communication, plusieurs fois membre du gouvernement depuis près de deux décennies, et président du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC), il tourne la page d’une longue collaboration avec le président Paul Biya, à quelques mois d’un scrutin présidentiel à fort enjeu.
La rupture, bien que spectaculaire, n’est pas une surprise. Depuis plusieurs semaines, l’ex-ministre avait laissé transparaître un profond désaccord avec la gouvernance actuelle. En déplacement dans son fief de Garoua, au nord du pays, il avait ouvertement critiqué les 43 ans de règne de Paul Biya, qu’il a accusé d’être responsable des difficultés persistantes dans cette région. Devant une foule de sympathisants, il affirmait ne plus pouvoir « appeler à voter pour celui qui est responsable des malheurs des populations du Nord ».
La démission a été remise en main propre au Premier ministre au cours d’une audience qui a duré plus d’une heure, selon des sources proches du dossier. Une copie a également été transmise à la présidence de la République.
Ce départ constitue un revers significatif pour Paul Biya, qui perd l’un de ses piliers politiques dans le septentrion, considéré comme l’un des bastions électoraux les plus stratégiques du pays. Tchiroma, longtemps perçu comme un fidèle soutien du régime, change donc de cap à un moment décisif.
Selon des membres de son entourage, l’ancien ministre s’apprêterait à se lancer dans la course à la magistrature suprême. Une réunion du comité central du FSNC est annoncée ce vendredi à Garoua, avec en ligne de mire une probable investiture de Tchiroma comme candidat à la présidentielle.