À quelques mois de l’élection présidentielle prévue en octobre, le Cameroun fait face à une recrudescence inquiétante de discours haineux, de propos tribalistes et de désinformation. Une coalition de quinze organisations de la société civile, appuyée par le Conseil de l’ordre des avocats, tire la sonnette d’alarme dans une déclaration commune rendue publique ce mois de juin.

La déclaration met en garde contre une « montée vertigineuse des messages à caractère haineux et tribal incitant parfois à la violence », ainsi qu’une explosion de « fausses informations » circulant sur les réseaux sociaux et dans les médias. Pour les signataires, cette dérive constitue une menace directe pour la paix sociale, la cohésion nationale et le bon déroulement du processus électoral.

« On ne regarde plus les idées que propose un candidat, on regarde d’où il vient. Et dès que le débat devient identitaire, il est anéanti », déplore Desmond Ngala, fondateur de l’ONG Civic Watch. Il décrit un climat empoisonné par la manipulation de documents et de contenus visuels, la diffusion de titres trompeurs, de sondages falsifiés, et l’organisation de débats médiatiques où insultes et menaces sont devenues monnaie courante.

Selon lui, ce climat favorise la peur et pourrait dégénérer : « Ne pas lutter contre les discours de haine, c’est encourager l’incitation à la violence. Et ça nous effraie. »

Du côté des institutions, le phénomène n’est pas nié. Denis Omgba, directeur de l’Observatoire des médias au ministère de la Communication, confirme que « les prises de parole dans les médias gagnent en stigmatisation et en violence verbale ». Il rappelle que le gouvernement agit sur trois fronts : la sensibilisation, une régulation plus stricte des médias, et, si nécessaire, des poursuites judiciaires.

Les organisations de la société civile demandent aux autorités d’aller au-delà des discours, en prenant des mesures concrètes pour assainir l’espace public et garantir un climat politique apaisé à l’approche de la présidentielle.

Partager :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *