À quatre mois de la présidentielle d’octobre, le climat politique camerounais est assombri par une explosion préoccupante des discours de haine, de la désinformation et des attaques à caractère tribal. Face à cette dérive inquiétante, une coalition regroupant quinze organisations de la société civile, avec le soutien du Conseil de l’ordre des avocats, a publié une déclaration commune appelant à une réaction urgente des autorités.

Dans leur déclaration, les signataires alertent sur la « montée vertigineuse des messages à caractère haineux et tribal incitant parfois à la violence », ainsi que sur la « propagation accrue des fausses informations ». Ils pointent du doigt une instrumentalisation dangereuse des réseaux sociaux et des médias, où circulent désormais des contenus falsifiés, des propos diffamatoires, des débats agressifs et des appels à la haine ciblant certains groupes ethniques.

« Le débat politique ne repose plus sur les idées, mais sur l’origine des candidats », déplore Desmond Ngala, fondateur de l’ONG Civic Watch. « Lorsqu’on commence à juger les gens selon leur ethnie plutôt que leurs propositions, c’est le socle même de notre démocratie qui s’effondre. »
La société civile demande aux autorités de prendre la pleine mesure du danger. Déjà en mars dernier, une quinzaine de patrons de presse avaient dénoncé la prolifération des discours haineux, sans que des mesures dissuasives fortes ne soient réellement mises en œuvre.

Le gouvernement, par la voix de Denis Omgba, directeur de l’Observatoire des médias, reconnaît la gravité de la situation. Il évoque une stratégie en trois volets : sensibilisation, régulation plus stricte des médias et, en dernier recours, poursuites judiciaires. « Ceux qui persistent dans ces dérives pourraient être traduits en justice », affirme-t-il.

Dans un pays où les tensions ethniques ont parfois été instrumentalisées à des fins politiques, la société civile met en garde contre une spirale de peur et de violence. Elle exhorte les leaders politiques, les journalistes et les influenceurs à faire preuve de responsabilité dans leur prise de parole.

« Ne pas lutter contre les discours de haine, c’est accepter qu’un climat de peur et d’instabilité s’installe », conclut Desmond Ngala.

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