C’est un appel sans précédent venu du cœur du bastion présidentiel. Huit personnalités originaires du Sud-Cameroun, région natale du chef de l’État Paul Biya, ont signé une lettre ouverte dans laquelle elles exhortent les électeurs à tourner la page de plus de quatre décennies de règne. Leur mot d’ordre : « sanctionner dans les urnes » le président sortant lors de l’élection d’octobre prochain.
Diffusée dans la presse nationale et sur les réseaux sociaux, cette lettre de quatre pages dresse un bilan sévère du pouvoir de Paul Biya, qualifié de « long règne sans partage, marqué par le désespoir et l’abandon ». Les signataires, pour la plupart universitaires ou figures de la société civile, dénoncent « la condescendance et la distance » du président envers sa propre région, malgré ses scores électoraux écrasants à chaque scrutin.
« Qui se souvient d’un seul meeting de Paul Biya dans le Sud ? », interrogent-ils dans une adresse au ton amer, évoquant des routes dégradées, un chômage endémique, l’absence d’électricité et l’enclavement persistant de plusieurs localités.
Cet appel à la rupture est accueilli comme un véritable séisme dans une région historiquement acquise au président. L’opposition s’est empressée de saluer l’initiative, la brandissant comme un signe de fissure au sein même des soutiens traditionnels du régime.
Aucune réaction officielle n’a encore été enregistrée du côté du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), parti au pouvoir. En privé, certains cadres dénoncent une « surenchère électoraliste » et relativisent l’impact de cette sortie publique.