Depuis avril 2025, les vols d’Air France à destination de l’Afrique subsaharienne doivent éviter l’espace aérien algérien, conséquence directe d’un bras de fer diplomatique entre Alger et Bamako. Cette situation complique sérieusement les opérations de la compagnie aérienne française, déjà fragilisée par d’autres restrictions régionales

Le différend remonte à la décision du Mali d’interdire son espace aérien à tout avion militaire français en 2022. En réponse, l’Algérie alliée de Bamako dans le contexte des tensions géopolitiques au Sahel a décidé de refuser l’accès de son ciel à certains vols commerciaux reliant Paris à des capitales ouest-africaines comme Bamako, Ouagadougou ou Abidjan. Résultat : les avions d’Air France sont contraints à d’importants détours par l’ouest, via le Maroc, les Canaries ou la Mauritanie, rallongeant sensiblement les temps de vol.

À cela s’ajoute la fermeture prolongée de l’espace aérien nigérien, imposée depuis le coup d’État de juillet 2023. Pour des raisons de sécurité et de souveraineté, les autorités de Niamey ont suspendu tout survol non expressément autorisé, y compris pour les vols commerciaux. Ce double verrou algérien et nigérien force Air France à tracer ses routes bien plus à l’ouest que d’habitude, augmentant les coûts en carburant et les risques de perturbations horaires.

« Certains vols vers l’Afrique de l’Ouest prennent jusqu’à une heure de plus, ce qui a un impact non négligeable sur les rotations d’équipage, la consommation de kérosène et les correspondances à Paris », confie un cadre de la compagnie. En interne, Air France tente d’optimiser ses plans de vol tout en évitant les zones de tension, mais le contexte régional rend la tâche complexe.

Au-delà des considérations techniques, ce dossier illustre l’instrumentalisation croissante de l’espace aérien comme levier diplomatique. L’Algérie utilise ici son ciel comme une carte politique dans un jeu d’alliances africaines où la France est perçue comme un acteur de plus en plus contesté. Cette situation met également en lumière la fragilité des liaisons aériennes panafricaines, souvent dépendantes de couloirs aériens sensibles à la moindre crise.

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