Quatre associations touarègues ont déposé un signalement auprès de la Cour pénale internationale (CPI), accusant les armées du Mali, du Burkina Faso et les mercenaires de l’Africa Corps ex-Wagner de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre commis depuis 2022 dans le Sahel.
Les organisations signataires, Imouhagh International, Kel Akal, la Diaspora touarègue des États-Unis et l’Association de solidarité avec l’Azawad, affirment documenter une série d’exactions perpétrées au Mali et au Burkina Faso. Selon leur dossier remis au procureur de la CPI, ces violations incluent des meurtres de civils, arrestations arbitraires, disparitions forcées, pillages et actes de torture.
Un cas particulièrement choquant est évoqué : la découverte en avril dernier, à Kwala (centre du Mali), de 60 corps de civils « visiblement torturés », une scène que les plaignants attribuent aux forces armées maliennes avec l’appui de mercenaires russes.
La CPI a déjà ouvert une enquête sur les crimes au Mali en 2012, à la demande des autorités maliennes, dans le contexte de l’occupation djihadiste du nord. Toutefois, le retrait des troupes françaises (2022) et de la mission onusienne (2024) a considérablement affaibli la capacité d’enquête sur le terrain.
Au Burkina Faso, aucune enquête n’est actuellement en cours. Pour engager des poursuites, le procureur de la CPI devra obtenir l’autorisation des juges, sauf si les autorités burkinabè saisissent elles-mêmes la Cour – ce qui semble peu probable dans le climat actuel.
Les associations à l’origine du signalement affirment vouloir poser « un acte politique et juridique majeur ». Leur objectif : briser le silence autour des abus commis dans les zones désertées par la communauté internationale et offrir aux victimes du Sahel « reconnaissance, justice et réparation ».
Ce geste marque une tentative de rééquilibrage dans un conflit de plus en plus marqué par l’impunité. Il met aussi la pression sur la Cour de La Haye, régulièrement critiquée pour sa lenteur et ses difficultés d’intervention dans des contextes instables.