Un scandale sanitaire majeur secoue actuellement la Belgique et plusieurs pays européens. Un donneur de sperme danois, porteur d’une mutation génétique connue pour favoriser certains cancers, a permis la naissance de dizaines d’enfants, dont une majorité en Belgique. À ce jour, 67 enfants issus de ce donneur ont été recensés, dont 52 en Belgique. Plus inquiétant encore : un tiers d’entre eux seraient porteurs de la mutation, et près de la moitié ont déjà développé une forme de cancer.

Ces révélations proviennent d’un congrès de la Société européenne de génétique humaine, qui a mis en lumière les failles criantes du système de don de sperme à l’échelle européenne.

Le cas belge illustre les dérives d’un marché devenu transnational, sans véritable régulation commune. La banque danoise European Sperm Bank (ESB), à l’origine du don incriminé, a distribué les gamètes du donneur dans 11 pays, y compris en dehors de l’Union européenne. En Belgique, confrontée à une pénurie chronique de donneurs nationaux, près de 75 % des dons proviennent du Danemark, qui dispose d’une industrie bien structurée et agressive, portée par d’importantes campagnes de recrutement.

Le problème : les normes varient fortement d’un pays à l’autre. Le Danemark autorise jusqu’à 75 enfants par donneur dans un maximum de 12 familles, quand la Belgique limite ce chiffre à six familles. Pire : aucun registre centralisé n’existait jusqu’en 2024, empêchant les cliniques de vérifier si un donneur avait dépassé les limites autorisées. Le résultat est un maillage européen trop lâche, où les risques sanitaires deviennent impossibles à contrôler.

Ce n’est pas la première fois que les pratiques du secteur sont pointées du doigt. Aux Pays-Bas, un directeur de clinique avait déjà été poursuivi pour avoir utilisé son propre sperme dans plus de 60 inséminations, contre la volonté des patientes. Un autre donneur néerlandais a été à l’origine de plus de 500 naissances, bien au-delà des limites légales, avant d’être inscrit sur liste noire… et de continuer ses activités au Danemark.

Face à l’ampleur de l’affaire, les auteurs de l’étude et plusieurs acteurs du secteur médical appellent à la création urgente d’un cadre réglementaire européen pour encadrer les dons de gamètes. Il s’agirait notamment d’établir un registre transfrontalier des donneurs, de fixer des plafonds communs de naissances par donneur, et surtout de rendre obligatoire le dépistage génétique approfondi avant tout don.

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