Un rapport confidentiel commandé par le gouvernement français sur les activités des Frères musulmans en France est examiné ce mercredi en Conseil de défense autour du président Emmanuel Macron, du Premier ministre Gabriel Attal et de plusieurs ministres clés. Ce document alerte sur une « menace pour la cohésion nationale », posée non par la violence, mais par une stratégie d’influence discrète et locale.

Selon ce rapport, dont les grandes lignes ont été dévoilées par Le Figaro, la mouvance des Frères musulmans en France serait engagée dans un projet « subversif » visant à influencer progressivement les règles locales et nationales, notamment en matière de laïcité et d’égalité entre les sexes. Ce phénomène, qualifié d’« islamisme municipal », s’enracinerait à l’échelon local, notamment via les associations, les lieux de culte et le tissu politique de proximité.

Les auteurs du rapport deux hauts fonctionnaires appuient leur analyse sur 45 entretiens universitaires et 14 missions de terrain en France et en Europe. Ils insistent sur une menace à moyen terme qui ne repose pas sur la violence mais sur un projet idéologique structuré, visant à remodeler l’espace public à travers des réseaux d’influence communautaires.

Musulmans de France, ex-UOIF, est identifiée comme la branche française des Frères musulmans. L’organisation serait à la tête de 139 lieux de culte, avec 68 autres considérés comme proches, répartis dans 55 départements. Cela représente environ 7 % des 2 800 mosquées recensées en France. Chaque vendredi, quelque 91 000 fidèles fréquenteraient ces lieux, bien que le rapport précise que cela ne signifie pas une adhésion automatique à la mouvance.

Le rapport insiste toutefois sur l’absence de volonté déclarée d’instaurer un État islamique ou d’imposer la charia en France. Il s’agit, selon ses auteurs, d’une stratégie d’entrisme et de pression normative progressive, davantage idéologique que séparatiste ou violente.

Affaiblis dans le monde arabo-musulman, les Frères musulmans auraient fait de l’Europe leur nouveau terrain d’action, selon les auteurs du rapport. Ceux-ci recommandent de poursuivre les actions de sensibilisation auprès des instances européennes, mais surtout de renforcer la présence de l’État dans les territoires où cet « islamisme par le bas » prospère.

Tout en alertant sur les risques de repli communautaire, le rapport plaide pour une réponse équilibrée, conjuguant fermeté et inclusion. Parmi les pistes proposées figurent une amélioration de la réglementation funéraire pour favoriser les carrés confessionnels, un réinvestissement dans l’enseignement de l’arabe à l’école publique, et une clarification de la position française sur le conflit israélo-palestinien, afin de restaurer un dialogue avec les citoyens de confession musulmane.

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