À l’issue d’un Conseil de défense tenu ce mercredi à l’Élysée, Emmanuel Macron a réclamé de nouvelles propositions de la part du gouvernement, en réponse à un rapport accablant sur l’« entrisme par le bas » présumé des Frères musulmans en France. Le chef de l’État a jugé les premières pistes insuffisantes face à la « gravité des faits établis » par ce document confidentiel, qui devrait être partiellement rendu public d’ici la fin de la semaine.
Le rapport, examiné au plus haut niveau de l’État, dénonce une stratégie d’influence progressive de la mouvance islamiste, notamment dans les domaines de l’éducation, du sport et de la vie associative. Il évoque une « menace pour la cohésion nationale » et met en lumière l’usage des réseaux sociaux comme levier de contestation des principes républicains, en particulier la laïcité.
Autour du président, plusieurs ministres étaient réunis, parmi lesquels ceux des Affaires étrangères, de l’Éducation nationale, des Sports et de l’Économie, ainsi que le Haut-commissaire au Plan François Bayrou. Un nouveau Conseil de défense est prévu début juin pour examiner des mesures renforcées.
Dans l’hémicycle du Sénat, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a présenté les grandes lignes d’une stratégie gouvernementale en gestation : meilleure coordination des services de renseignement, création d’un « parquet administratif » pour faciliter dissolutions et sanctions, ainsi qu’un effort de formation des agents publics et élus locaux.
Le rapport soulève également la question sensible des financements et du manque de contrôle sur certains flux financiers suspectés de soutenir cette influence.
Mais ces accusations sont contestées. La Fédération des Musulmans de France, présentée dans le document comme proche des Frères musulmans, dénonce des « accusations infondées » et met en garde contre les « amalgames dangereux ». De son côté, le Conseil français du culte musulman (CFCM) critique une absence de définitions claires dans le rapport, craignant une stigmatisation croissante des citoyens musulmans.