Fini l’époque de l’aide au développement comme pilier de la diplomatie américaine en Afrique. Sous l’impulsion de l’administration Trump, la stratégie des États-Unis sur le continent africain s’oriente désormais vers une approche axée sur le commerce, l’investissement et les partenariats stratégiques. Le mot d’ordre est clair : « Du commerce, pas de l’aide ».

Le changement de cap est assumé au plus haut niveau. Christopher Landau, sous-secrétaire d’État américain, affirme que « l’investissement commercial est désormais au cœur de l’action extérieure ». Ce repositionnement transforme les ambassades américaines en plateformes commerciales. Plus de 1 000 agents commerciaux sont désormais mobilisés pour accompagner les entreprises américaines dans leur expansion sur le continent.

Les diplomates eux-mêmes sont évalués non plus seulement sur leurs compétences diplomatiques, mais aussi sur leur capacité à conclure des accords économiques. En trois mois, 33 contrats représentant 6 milliards de dollars ont déjà été signés.

Pour Troy Fitrell, haut responsable au Bureau des Affaires africaines, l’Afrique est « le plus grand potentiel inexploité du XXIe siècle ». Avec une population attendue à 2,5 milliards d’habitants d’ici 2050 et un pouvoir d’achat estimé à 16 000 milliards de dollars, les États-Unis veulent désormais considérer les pays africains comme des partenaires économiques à part entière.

La région des Grands Lacs illustre cette accélération stratégique. Alors que les négociations de paix entre la RDC et le Rwanda se poursuivent, Washington avance déjà ses pions dans le secteur minier, en particulier pour sécuriser l’accès aux minerais 3T (étain, tungstène, tantale), cruciaux pour les technologies américaines.

Le 13 mai, Kim Harrington, du département d’État, a assisté à la signature d’un accord entre Trinity Metals, société rwandaise, et des entreprises américaines pour établir une chaîne d’approvisionnement directe.

Pour Fitrell, il n’est plus question de temporiser. « Si vous attendez l’accord complet, il faudra 30 ans », déclare-t-il. Et d’ajouter : « Il faut aller vite. Rien n’est plus coûteux que la guerre. »

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