En déplacement officiel au Burkina Faso ce week-end, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a marqué les esprits par des déclarations fortes sur la Cédéao et les dynamiques de souveraineté en Afrique de l’Ouest. Lors d’un entretien diffusé lundi soir par la chaîne publique burkinabè RTB, le chef du gouvernement sénégalais est revenu sur les causes du départ des pays de l’AES (Burkina Faso, Mali, Niger) de l’organisation régionale, tout en insistant sur la nécessité de maintenir une coopération bilatérale forte entre Dakar et Ouagadougou.

Ousmane Sonko a tenu à rappeler que le Sénégal déplore le retrait des pays de l’AES de la Cédéao, mais en a également profité pour pointer du doigt ce qu’il qualifie de manquements structurels de l’organisation sous-régionale. « S’il y a un coup d’État, interrogeons-nous sur les causes profondes : le tripatouillage constitutionnel, la répression des opposants… sur ces points, la Cédéao garde souvent le silence. Puis quand la crise éclate, elle réagit avec des sanctions, des embargos ou des menaces d’intervention militaire », a-t-il affirmé. Selon lui, ces erreurs ont contribué à fragiliser la cohésion régionale et à éloigner certains États membres.

Le Premier ministre sénégalais a exprimé l’espoir que la Cédéao saura tirer les leçons de cette fracture, appelant implicitement à une réforme en profondeur des méthodes et priorités de l’organisation.

Au-delà des divergences régionales, Ousmane Sonko a réaffirmé la volonté du Sénégal de renforcer ses liens avec le Burkina Faso, malgré le contexte institutionnel. « Vingt accords de coopération sont déjà signés et ratifiés. Vingt-trois autres sont en discussion. Vous pensez que cela va s’arrêter parce que le Burkina n’est plus dans la Cédéao ? Cela va continuer, et peut-être même s’intensifier », a-t-il assuré.

Les domaines prioritaires cités incluent la sécurité dans un contexte régional marqué par l’insécurité ainsi que l’économie, notamment le commerce et les investissements croisés.

Si le Premier ministre sénégalais a salué les relations bilatérales et défendu une vision panafricaine de la souveraineté, il n’a toutefois pas évoqué le cas de Me Guy Hervé Kam, figure de la société civile burkinabè et ancien avocat d’Ousmane Sonko, actuellement détenu depuis un an à la prison militaire de Ouagadougou. Un silence qui n’a pas manqué de susciter des réactions, notamment dans les milieux militants des droits humains.

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