Un rapport accablant de la commission d’enquête sénatoriale, publié ce lundi 19 mai, met en lumière une gestion opaque du scandale du traitement illégal des eaux minérales en France. Selon les conclusions des sénateurs, l’État aurait délibérément dissimulé l’utilisation de procédés interdits par Nestlé Waters pour continuer à vendre ses marques comme de l’eau minérale naturelle.

« L’État a fait preuve d’une stratégie délibérée de dissimulation », affirme le rapport, fruit de six mois d’investigation et de plus de 70 auditions. La commission souligne que la présidence de la République aurait eu connaissance dès 2022 des pratiques illégales de Nestlé, sans alerter ni les autorités locales ni les consommateurs.

En cause : l’usage, jusqu’en 2020, de traitements tels que les rayons UV ou le charbon actif sur des eaux comme Perrier, Hépar ou Contrex. Or, le droit européen est strict : une eau minérale naturelle ne peut subir aucun traitement susceptible d’altérer sa composition.

Nestlé Waters a officiellement signalé ces pratiques en 2021 et obtenu, un an et demi plus tard, l’approbation d’un plan de transformation de ses sites, intégrant une microfiltration à 0,2 micron. Ce procédé, bien que présenté comme une alternative plus douce, reste controversé : il pourrait modifier la minéralité de l’eau, ce qui contrevient à la législation européenne.

« Une inversion de la relation entre l’État et les industriels s’est opérée », déplorent les sénateurs. Le rapport accuse Nestlé Waters d’avoir conditionné l’arrêt de ses traitements illégaux à l’autorisation d’un nouveau procédé, et l’État d’avoir cédé.

Malgré les révélations initiales de plusieurs médias en 2023 (Le Monde, Radio France, Mediapart), aucune procédure judiciaire n’a été engagée à ce jour. Un « échec de l’interministériel », selon le rapport, qui pointe un laxisme manifeste des autorités face à une fraude sanitaire et commerciale.

Ce scandale soulève de sérieuses questions sur la transparence des industriels et la responsabilité de l’État en matière de protection des consommateurs. La commission sénatoriale appelle désormais à des sanctions claires et à un renforcement des mécanismes de contrôle.

Partager :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *