C’est une déclaration qui ne passe pas inaperçue. « Pomper du pétrole comme s’il n’y avait pas de lendemain » : ces mots, aux accents provocateurs, sont ceux de John Mahama, président du Ghana, prononcés mardi lors de l’Africa CEO Forum à Abidjan. Une invitation directe aux investisseurs du secteur pétrolier à revenir massivement au Ghana pour exploiter ses ressources d’hydrocarbures avant que la demande mondiale ne commence à décliner sous l’effet de la transition énergétique.
Dans son discours, John Mahama a défendu une stratégie offensive : exploiter pleinement les ressources pétrolières du Ghana dans un délai court, avant que les évolutions du marché mondial ne rendent ces réserves obsolètes ou économiquement moins rentables. Il s’agit, selon lui, d’une étape cruciale pour générer les ressources nécessaires au développement économique et social du pays.
Le Ghana a connu un déclin progressif de sa production pétrolière ces dernières années, malgré des découvertes importantes au début des années 2010. Mahama entend désormais relancer la dynamique, promettant un environnement favorable aux investissements étrangers dans l’exploration et la production.
Si cette approche semble aller à contre-courant des appels internationaux à la réduction des émissions de carbone, notamment ceux de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le président ghanéen assume sa position. Il souligne que les pays du Sud, peu responsables historiquement du réchauffement climatique, doivent avoir le droit d’exploiter leurs ressources pour financer leur développement.
John Mahama n’en oublie pas pour autant les enjeux climatiques. Il affirme que cette stratégie pétrolière s’inscrit dans une transition énergétique progressive. Le Ghana vise ainsi à porter la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique à 10 % d’ici quelques années, contre moins de 3 % actuellement.
Ce discours audacieux reflète le dilemme auquel sont confrontés de nombreux pays africains : tirer profit de leurs ressources fossiles tout en s’inscrivant dans une dynamique globale de décarbonation. John Mahama joue la carte du réalisme économique, espérant attirer les investisseurs dans un contexte mondial encore incertain.