Secoué par la démission surprise de Tidjane Thiam, le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) tente de réorganiser ses rangs dans l’urgence. Réuni en session extraordinaire ce lundi 12 mai à Abidjan, le Bureau politique du parti a décidé de convoquer un congrès extraordinaire le mercredi 14 mai pour désigner un nouveau président.
Dans une ambiance solennelle, marquée par la gravité du moment, les cadres du PDCI se sont retrouvés dans la grande salle de la Maison du Parti à Cocody. Tous vêtus du traditionnel pagne vert frappé du visage de Thiam, ils ont écouté le doyen des vice-présidents, Ernest N’Koumo Mobio, 92 ans, assumer brièvement l’intérim : « Ce rôle, je voudrais l’assumer avec votre dévouement et votre confiance », a-t-il déclaré.
Un congrès éclair dans 45 lieux de vote
Face à l’urgence politique, le Bureau politique a tranché : le congrès extraordinaire aura lieu dans deux jours, le 14 mai, et se déroulera dans un format inédit, éclaté sur 45 lieux de vote à travers le pays. « L’appel à candidatures est ouvert à tous », a précisé Alain Cocauthrey dans la déclaration finale lue à l’issue des travaux. Les prétendants à la présidence ont jusqu’à mardi 18h pour déposer leur dossier.
Un retour de Thiam toujours possible ?
Si l’appel est officiellement ouvert à tous, les regards restent tournés vers Tidjane Thiam lui-même. Bien qu’il ait remis sa démission, certains cadres du parti envisagent son retour éclair à la tête du PDCI, via ce même congrès extraordinaire. Une stratégie qui pourrait court-circuiter les procédures judiciaires en cours, notamment un procès qui conteste la légalité de son élection à la présidence du parti en décembre 2023.
Le timing de sa démission semble calculé. « Puisqu’il renonce à son mandat, le juge n’a plus de raison de le déclarer illégal », commente un juriste proche du dossier. Reste cependant un obstacle majeur : Thiam a été radié de la liste électorale par la justice en avril, ce qui compromet toute ambition politique immédiate.
Une crise révélatrice des tensions internes
Ce nouvel épisode illustre les tensions croissantes au sein d’un parti en quête de stabilité à l’approche des prochaines échéances électorales. Le PDCI, longtemps pilier de la vie politique ivoirienne, devra démontrer sa capacité à se réinventer dans un contexte de rivalités internes et d’incertitudes juridiques.