L’AAC-Bénin tourne une page et en ouvre une autre. Avec l’élection d’Alexis Gnanguenon à sa tête, le secteur de la communication entre dans une phase décisive : celle de la reconquête d’un espace miné par l’informel, le désordre et l’influence incontrôlée.
Le vendredi 2 mai 2025 à la CCIB, c’est plus qu’un changement de présidence qui s’est joué au sein de l’Association des Agences de Communication du Bénin (AAC-Bénin). C’est le début d’un bras de fer entre deux visions de la communication : celle d’un secteur structuré, professionnel et régi par des normes claires, et celle d’un marché laissé aux dérives des réseaux sociaux, des influenceurs sans repères et d’agences éphémères sans statut légal.
Alexis Gnanguenon, le choix de la rupture maîtrisée
Publicitaire aguerri à la tête de BG COM Advertising, Alexis Gnanguenon n’est pas un inconnu. Engagé de longue date dans les instances de l’association, il a présidé la Commission Déontologie, Adhésion et Formation. Son élection à la présidence marque une volonté claire : passer de la structuration à la consolidation, et de la consolidation à la régulation.
« Ce mandat sera celui de la fermeté. Il est temps de défendre les vrais professionnels, ceux qui respectent les règles, qui paient leurs charges, et qui investissent dans le métier », a-t-il martelé dès son premier discours.
Un secteur sous pression, un mandat sous tension
Le nouveau bureau hérite d’un secteur en état d’urgence. D’un côté, des agences formelles aux marges en chute libre. De l’autre, des influenceurs qui engrangent des millions sur Instagram ou TikTok, en dehors de tout cadre fiscal, légal ou déontologique. Et au milieu, des annonceurs parfois complices, qui préfèrent court-circuiter les agences au nom du “buzz”.
Didier Aplogan, président sortant, a résumé la situation sans détour :
« Les agences sont en train de perdre la bataille. Ce n’est pas un problème de compétence, c’est un problème de règles du jeu. »
Une stratégie en trois axes : encadrer, défendre, repositionner
Le plan d’action du nouveau bureau repose sur trois piliers :
1. Encadrer le métier : une commission ad hoc sera mise en place pour proposer une régulation spécifique des influenceurs et prestataires digitaux, dans le cadre du projet de loi sur la publicité.
2. Défendre les intérêts économiques des agences : l’AAC-Bénin entend devenir un acteur de poids dans les discussions avec les ministères concernés, notamment le Numérique, le Commerce et les Finances.
3. Repositionner la communication comme levier de développement : il s’agira de démontrer que la communication n’est pas un luxe, mais un investissement stratégique pour les entreprises et les institutions.
L’unité comme condition de la survie
Le nouveau président a insisté sur la nécessité pour les agences membres de resserrer les rangs. « Ce n’est pas le moment de jouer perso. Si nous ne parlons pas d’une seule voix, le secteur finira de se désintégrer », a-t-il averti.
Le bureau élu, composé de profils solides et expérimentés – Gilles Gbaguidi, Alix S. Bello, Sam Chidiac, Franck Mègnansan, entre autres – devra allier diplomatie institutionnelle et fermeté sectorielle pour imposer un nouvel ordre.
Vers un réveil professionnel ?
Alors que le marché publicitaire béninois devient chaque jour plus concurrentiel, le rôle de l’AAC-Bénin ne peut plus se limiter à la représentation symbolique. Il s’agit désormais de peser, de négocier et, si nécessaire, de dénoncer les dérives. En d’autres termes : d’exister.
L’ère Gnanguenon ne commence pas sous le signe du confort. Elle commence avec une urgence : sauver un secteur menacé de marginalisation.