L’Organisation des Nations unies s’apprête à engager une réforme de grande envergure, poussée par des contraintes budgétaires inédites et une structure devenue, selon certains, trop lourde pour répondre efficacement aux crises mondiales. Un mémo interne ayant fuité révèle que l’organisation envisage une rationalisation de ses services, qui pourrait devenir la transformation la plus radicale depuis sa création en 1945.
Selon le document, l’ONU prévoit de regrouper ses nombreuses agences sous quatre grands départements : paix et sécurité, affaires humanitaires, développement durable, et droits de l’homme. Une telle restructuration viserait à réduire les doublons, améliorer l’efficacité et renforcer la cohérence des actions sur le terrain.
Parmi les mesures les plus marquantes envisagées, la fusion des opérations du Programme alimentaire mondial (PAM), de l’UNICEF, de l’OMS et du HCR est à l’étude. Une agence unifiée permettrait, selon les partisans du projet, de mieux répondre aux urgences humanitaires, mais suscite aussi des craintes de pertes d’expertise et d’identité au sein des agences concernées.
À Genève, l’inquiétude est palpable. Jeudi 1er mai, quelque 500 fonctionnaires de l’ONU ont manifesté pour dénoncer un projet jugé précipité et flou. À New York également, le climat est tendu, alors que les premières coupes commencent à frapper : l’OCHA a déjà annoncé une réduction de 20 % de ses effectifs. L’UNICEF et l’OIM anticipent respectivement des baisses de budget de 20 % et 30 %, avec des milliers d’emplois menacés.
Cette réforme intervient dans un contexte de crise financière pour l’ONU. Les contributions des États membres, de plus en plus tardives ou absentes, mettent en péril la stabilité de l’institution. La décision annoncée par l’administration Trump de supprimer totalement la contribution américaine – représentant 25 % du budget – accentue cette pression.
Le Secrétaire général Antonio Guterres, visiblement préoccupé, a souligné vendredi que « la crise de liquidités n’est pas due à des coupes budgétaires, mais à des retards de paiement de la part des États membres ». Il affirme faire tout ce qui est possible pour préserver les emplois et garantir la continuité des missions de l’ONU.
Autre mesure économique : une partie des services administratifs de l’ONU pourrait être transférée à Nairobi, au Kenya. Ce déménagement permettrait de réduire les coûts fixes liés au maintien d’une présence massive à New York et à Genève.
Malgré l’urgence, aucun changement ne sera mis en œuvre sans l’accord des 193 pays membres. Le groupe de travail chargé de la réforme continue ses consultations et devrait soumettre des propositions finales dans les semaines à venir.