Un tournant historique s’annonce en République démocratique du Congo. Le ministre de la Justice a annoncé ce mercredi qu’une requête officielle a été déposée auprès du Sénat en vue de la levée de l’immunité parlementaire de l’ancien président Joseph Kabila. Une étape cruciale qui pourrait ouvrir la voie à des poursuites judiciaires inédites contre celui qui a dirigé le pays de 2001 à 2018.
Selon les autorités, cette démarche fait suite à une demande formelle du procureur général des forces armées congolaises. Les chefs d’accusation évoqués sont particulièrement graves : trahison, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Au cœur des accusations figure l’implication présumée de Kabila dans la création et le soutien de la rébellion du M23, mouvement armé encore actif dans l’est du pays.
La requête marque un coup d’accélérateur dans les efforts du gouvernement Tshisekedi pour faire toute la lumière sur les violences persistantes dans les provinces de l’Est. « Il est de notre devoir de garantir que personne n’échappe à la justice, quels que soient son statut ou son passé », a déclaré le ministre de la Justice lors d’un point de presse à Kinshasa.
La décision est désormais entre les mains du Sénat, dominé par la coalition au pouvoir. Une majorité simple suffirait à faire tomber l’immunité de l’ancien chef de l’État, aujourd’hui sénateur à vie, selon la Constitution congolaise.
Les partisans de Kabila dénoncent une manœuvre politique visant à écarter toute figure de l’opposition en prévision des échéances électorales futures. De leur côté, plusieurs organisations de la société civile saluent une initiative « attendue depuis longtemps » et appellent les sénateurs à « faire preuve de courage et de responsabilité historique ».