Une nouvelle étape vient d’être franchie dans la consolidation du pouvoir militaire au Mali. Les 28 et 29 avril, une consultation nationale réunissant les forces vives du pays et une partie de la diaspora s’est tenue au Centre International de Conférences de Bamako (CICB). Objectif affiché : redéfinir les contours d’un système politique jugé à bout de souffle. Résultat : des propositions radicales qui pourraient profondément transformer l’ordre institutionnel malien.

À la tête des discussions, le Premier ministre, le Général de Division Abdoulaye Maïga, a dirigé les débats autour de la révision de la charte des partis politiques, de la gouvernance et de la stabilité nationale. Mais au-delà des réformes structurelles, c’est une proposition phare qui retient l’attention : l’établissement d’un mandat présidentiel de cinq ans pour le Général d’Armée Assimi Goïta, chef de la junte au pouvoir depuis 2020, avec possibilité de renouvellement.

Cette idée, loin d’être anodine, s’inscrit dans une volonté manifeste d’alignement sur les pratiques en vigueur au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), regroupant le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Pour les partisans de cette transition prolongée, la stabilité du pays passe par une continuité du pouvoir militaire.

Parallèlement, les recommandations issues de cette consultation nationale prévoient la dissolution pure et simple de tous les partis politiques existants, accusés de clientélisme et d’inefficacité. La création de nouvelles formations serait conditionnée à une caution de 100 millions de francs CFA. Le financement public des partis serait supprimé, tout comme le statut de chef de file de l’opposition, inscrit dans la loi depuis 2015.

Autre mesure significative : l’interdiction du nomadisme politique, désormais étendue aux postes nominatifs, dans une tentative de restaurer la discipline et la cohérence dans les institutions.

Concernant les élections présidentielles à venir, la consultation propose de repousser leur tenue « jusqu’à la stabilisation du pays ». Une décision qui entérinerait de facto le maintien de la junte au pouvoir pour une durée indéterminée. Si scrutin il y a, il devrait se dérouler en un seul tour, avec un dépôt de caution de 250 millions de francs CFA pour les candidats. De quoi restreindre considérablement l’accès à la course présidentielle.

Face à ces annonces, la classe politique malienne, déjà marginalisée depuis le coup d’État de 2021, monte au créneau. Plusieurs partis dénoncent une tentative de confiscation du pouvoir par des moyens pseudo-légaux. Des appels à la mobilisation commencent à émerger, même si les capacités d’organisation sont limitées dans un contexte de surveillance renforcée et de restrictions aux libertés publiques.

L’avenir institutionnel du Mali semble désormais suspendu aux décisions de la junte. Si les recommandations de la consultation nationale venaient à être adoptées telles quelles, elles marqueraient un tournant majeur dans l’histoire politique du pays. Reste à savoir si cette refondation annoncée répondra réellement aux aspirations des Maliens — ou si elle ne fera qu’aggraver la fracture entre le pouvoir et une partie de la société civile.

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